The Communards

Publié le par Agathon

Rien à voir avec le groupe culte des années 80 ou avec son leader, l’immense Jimmy Somerville. Non, rien à voir. Figurez-vous, chers amis, que votre serviteur a eu le plaisir de se rendre, dimanche dernier, à l’exposition organisée par la Bibliothèque historique de la Ville de Paris intitulée : « Regard d’un Parisien sur la Commune ».
 
Dans une vaste salle du sous-sol de l’édifice, affichés sur les murs, de superbes clichés d’une réalité saisissante vous permettront de découvrir des vues inédites de Paris, depuis le siège jusqu’au début de l’été 1871. Des élégants en haut-de-forme posant devant les ruines des Tuileries aux ouvriers aux visages noirs réparant des ouvrages d’art aux allures étonnamment modernes, les sujets susciteront sans doute en vous une curieuse impression face à ce Paris terriblement contemporain et pourtant irréel.
 
Il faut savoir que lors de la Semaine sanglante, la Commune insurrectionnelle, brillant des derniers feux de son désespoir et de sa frénésie face aux assauts des soldats de la jeune République, a incendié, selon un plan précis, les principaux édifices du pouvoir. Le problème c’est qu’en France le pouvoir a toujours eu la fâcheuse habitude de se loger dans les bâtiments les plus emblématiques de la richesse de notre patrimoine culturel. Un détail, sans doute, car rien n’a échappé à l’ivresse de destruction des « amis du genre humain » : Tuileries, Hôtel de Ville (dans sa construction Renaissance), Chancellerie de la Légion d’Honneur, Conseil d’Etat, Préfecture, Palais de Justice, Monnaies et médailles, …
 
C’est bien là le mérite de cette exposition : nous montrer de manière saisissante, par le biais de la photo, le visage d’un Paris moderne, encore plus beau que celui d’aujourd’hui, un Paris que nous ne connaîtrons jamais, dont nous sommes à jamais privé par la sauvagerie criminelle des communards. C’est ce décalage qui est impressionnant.
 
Un dernier mot sur le parti pris de l’exposition qui nous montre le visage de ceux qui sont aux affaires place de l’Hôtel de Ville. Vous aurez la chance, en parcourant la pièce, de profiter de la mise en ambiance offerte par la Mairie grâce à la diffusion du « Best Of Commune » : l’Internationale, Vive la Sociale, etc. Repus de sons et d’images, vous regagnerez le rez-de-chaussée où vous pourrez faire l’emplette de livres à la gloire des destructeurs du patrimoine culturel : Iconographie de la Commune, Pensées de Louise Michel, et même, surprise !, un ouvrage sur la révolution de 1917 …
 
Vous aurez ainsi le plaisir de voir le socialisme municipal (précisément la direction des affaires culturelles, en charge du patrimoine) célébrer, la larme à l’œil, les incendiaires de la plus belle ville du monde.

Publié dans Culture

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V
Ca tombe bien, je ne cherche ni à exonérer, ni même à faire preuve de compréhension pour les destructions des communards: je te dis juste qu'il n'y a pas que cela.<br /> Quant au choix de tes héros, je comprends que tu préfères des personnages exaltants, comme Thiers. Je t'avais pourtant connu plus sévère pour les pouvoirs fourriers de l'ennemi...
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A
Tu peux faire appeler à la barre tous les témoins de moralité que tu veux : ça n'exonèrera jamais les destructions assumées des criminels communards.<br /> Quant à Rossel, et autres figures pseudo romantiques, on se trouve les modèles qu'on peut. Les miens, sois en sûr, ne sont pas des militaires félons qui brandissent un drapeau rouge de leurs mains pleines du sang des Français.<br />  
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V
Samantha, cela fait bien longtemps déjà que mon amour pour les causes perdues, paradoxales voire carrément déconnantes est connu. Guère de révélations, donc...<br /> C'est un fait cependant que je préfère infiniment un communard comme Rossel (non Agathon, je ne viens pas de reconnaître publiquement un culte à Louise Michel) que ce gras bourgeois opportuniste de Thiers, qui après avoir consciencieusement saboté l'effort de guerre sous l'Empire impose l'abandon du combat à un Gambetta qui voulait poursuivre et ne retrouve d'ardeur militaire que pour combattre d'autres français, après que le Kaiser lui ait opportunément permis de revenir à Versailles.<br /> Pour finir, Agathon, tu devrais me juger en bonne compagnie: De Gaulle reconnaissait son admiration pour Rossel et semblait avoir moins de mal que toi à distinguer le bon grain de l'ivraie dans la Commune...
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V
Agathon, mon point de vue est peut-être tronqué, mais légèrement moins que le tien qui ne voit dans la Commune QUE la gauche ultra.<br /> J'y vois moi un bouillonnement, dans lequel se mêle un patriotisme blessé, une aspiration à conjuguer national et social (je sais: ça sonne mal) et aussi une gauche ultra où se trouvent encore socialistes utopiques et protomarxistes. Gauche ultra qui va certes dominer le mouvement, parce qu'elle est la seule organisée, ce qui ne signifie nullement qu'elle en soit l'alpha et l'omega.<br /> Quant aux destructions, elles sont liées à l'idée même de révolution, et lui sont donc effectivement.consubstantielles. Ceci dit toutes les révolutions étant destructrices, tu ne peux user de ce seul critère pour les comparer. Et je ne voulais rien dire de plus...
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A
superbe remarque sur le fond...
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