BearingPoint : des consultants subventionnés par l'Etat

Publié le par Secrétaire Général

Les activités de conseil, cycliques par excellence, n'échappent pas à la crise. Les entreprises, qui tâchent de survivre à court terme, ne lancent plus de grands projets de transformation ; les consultants sont désoeuvrés. Inaction, gels des recrutements voire rumeurs de licenciements rendent le consultant morose. Seul secteur qui a encore le vent en poupe : le secteur public. Grande spécialité de BearingPoint, le conseil auprès de l'Etat ne cesse de se porter au mieux : qu'il s'agisse de la RGPP ou de la mise en place du système d'information interministériel Chorus, on est loin de la sous-activité.

BearingPoint France connaît cependant quelques soucis. Ceux-ci sont autant liés aux mésaventures de la maison mère américaine, dont il faut éponger les dettes, qu'à la fameuse crise, toujours la même, qu'on ne présente plus.  La société s'est montré, depuis quelques mois, extrêmement imaginative pour faire des économies dites indolores (entendez : moins douloureuses que des licenciements) : gel des augmentations en mars, mesures de flexibilité en mai, et mesure de chômage technique en août. C'est cette dernière qui mérite notre attention.

Un suspense insoutenable aura accompagné le projet de deux semaines de chômage partiel au mois d'août. L'administration allait-elle autoriser cela? On pouvait raisonnablement en douter. En effet, non-seulement le cabinet restait bénéficiaire à ce jour, mais surtout, le mois d'août est traditionnellement la période de vacances pour les consultants : le client est en vacances, donc le consultant aussi. C'est l'aspect saisonnier du métier. Le financement par l'Etat de la sous-activité estivale était donc une idée de génie. Il suffisait d'y penser. Et la DDTE des Hauts-de-Seine n'a rien trouvé à redire!

Le chômage partiel aura permis à BearingPoint une économie de 1,8 million d'euros, à en croire la littérature syndicale de la maison (les consultants parlent de 2 millions, ce qui donnerait crédit aux propos du consultant de Force Ouvrière - oui, nous en avons trouvé un). La mesure aura permis de verser aux collaborateurs de ce cabinet leur tradionnelle prime de vacances et dont le paiement, fin août, aura rendu à peu près indolore le chômage partiel. On pourra certes objecter que l'abus n'est pas aussi significatif que les primes aux traders (qui jouent avec l'argent de votre compte courant tandis que les contribuables que vous êtes aidez les banques). Il n'empêche : cela ressemble tout de même à une mauvaise blague.

Rendons hommage aux dirigeants de BearingPoint. Non contents de vendre de coûteux projets de transformation à l'Etat, ils parviennent à faire subventionner par l'Etat - c'est-à-dire par les contribuables que nous sommes - les salaires et les primes de leurs consultants. Et ils s'en vantent, fiers d'avoir inventé une politique sociale innovante... avec l'argent des autres! Une telle maîtrise des rouages laisse rêveur.

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F
résurection? on dine un jours?
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