Battisti ou les sinistres fonds de poubelle de la gauche
Cesare Battisti a été arrêté dimanche dernier au Brésil, à la demande de l'Italie et d'après des indications de la police française. Sorte d'intellectuel gauchiste italien, Battisti fut membre des prolétaires armés pour le communisme, qui était, comme son nom l'indique, tout sauf une réunion d'enfants de choeur. On le lit partout dans la presse, ce groupuscule sévissait en Italie pendant les "années de plomb", époque où le terrorisme se déchaînait contre la démocratie chrétienne : l'URSS impressionnait et le PCI était puissant.
En 1978 et 1979, Battisti a assassiné un surveillant de prison et un agent de police ; il a aussi été complice de l'assassinat d'un boucher et d'un bijoutier (ces quatre là devaient être de bien dangereux réactionnaires!). En fuite, il est jugé par contumace mais à son procès ses avocats le représentent. Il fut condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
L'homme trouva alors asile politique en France : Mitterrand avait en effet garanti de ne pas extrader les anciens militants d'extrême gauche italiens ayant renoncé à la violence. Il devint concierge et auteur de romans policiers. Il est finalement arrêté en 2004 pour être extradé mais s'enfuit au Brésil.
Cette arrestation suscite alors un débat surréaliste où ressurgissent les vieux démons d'une gauche pas très claire. Quoique ordure meurtrière, Battisti suscite visiblement une sympathie irrépressible chez l'ensemble de la gauche, jusqu'au très paisible et social-démocrate Strauss-Kahn qui exige que Battisti soit rejugé (rappelons en effet le caractère éminemment oppressif et liberticide de la démocratie chrétienne italienne - équivalent local du raffarinisme, c'est dire! - qui fait donc douter DSK de l'impartialité du procès de l'époque). Les autres, Hollande, Delanoë et d'autres dissimulent leur passion peccamineuse derrière les principes et dénoncent l'atteinte au droit, à la sécurité juridique : comme si la promesse orale de Mitterrand était source de droit! Delanoë pousse le vice jusqu'à reprendre une logique de mafioso quand il invoque le respect de la parole donnée par opposition à la loi et à la décision de justice. N'est-ce pas en effet une réaction de parrain que de protéger absolument son clan, quitte à défendre cyniquement un meurtrier récidiviste?
Voilà ce qu'est encore notre gauche, malgré ses airs de respectabilité. Elle ne renie rien (alors qu'en Italie, c'est la gauche qui réclame l'extradition de l'assassin Battisti)! A croire que dans tout social-démocrate français sommeille un agitateur gauchiste aux pulsions homicides. De quoi écoeurer.
Il se peut après tout que Battisti ait mûri, changé, regretté ses actes passés. Pour nous cela ne change rien car "chagrin n'efface pas punition" : pour les crimes commis Battisti doit purger sa peine.