Une sacrée histoire belge
Qu'est-ce que la Belgique? Sans doute pas grand chose. Deux communautés, un pays très jeune, un roi, des blagues. La dernière en date est ahurissante : un gigantesque canular a été organisé par la RTBF (la radiotélévision belge francophone - tout est dans le titre) il y a deux jours.
Imaginez la scène : en début de soirée, un flash info spécial annonce pêle-mêle le vote de la sécession de la Flandre par le parlement régional, la fuite d'Albert II à Kinshasa et un sort tragicomique au gouvernement fédéral qui se serait réfugié à l'Atomium. Un tableau cataclysmique est présenté et l'emploi immodéré du conditionnel rend l'événement si réaliste que tout le monde, ou presque, tombe dans le panneau. Les plus célèbres journalistes sont associés, des figurants agitent des drapeaux (flamands ou belges, selon les cas) et des hommes politiques complices réagissent. On explique que les trams s'arrêtent à la nouvelle frontière et que Bruxelles est paralysée. Axelle Red est interviewée (victime du canular, elle), et un équipage d'avion de ligne, victime aussi, refuse de se poser à Zaventhem pour éviter à ses passagers des problèmes de passage de frontière.
La blague a duré près de deux heures et a démontré l'extrême fragilité de l'identité belge. L'heure est aux grands airs offusqués et aux règlements de compte, mais ce que l'on retiendra surtout, c'est une question lancinante : la Belgique est-elle morte hier soir?